Engendrer
Luc fait parler Dieu. Le Père s’adresse à Jésus (qui vient de recevoir le baptême de Jean au bord du Jourdain) pour affirmer la divinité de son Fils et le constituer comme son envoyé personnel ; il emprunte le verset sept du psaume deux : « Tu es mon fils ! Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».
Autour de ce mot « engendrer », les Pères de l’Église se sont souvent fortement querellés. Mais, pour finir, malgré leurs divergences d’interprétations des Écritures, ils se sont mis à peu près d’accord pour, au concile de Nicée en 325, condamner Arius, prêtre d’Alexandrie. Le concile de Constantinople en 381 confirma les décisions conciliaires précédentes.
Les catholiques, tous les dimanches et dans les grandes célébrations (comme par exemple les baptêmes), récitent dans leurs assemblées liturgiques le Credo ou Symbole de Nicée-Constantinople. Quelques personnes particulièrement bien formées en catéchèses ou en théologie dogmatique peuvent expliquer avec leurs mots de tous les jours les enjeux doctrinaux explicités dans ce texte récité, chanté ou dialogué. Mais beaucoup font confiance à leurs pasteurs d’hier et d’aujourd’hui et proclament allégrement : Il [Jésus] est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père…
S’ils devaient répondre précisément à une demande d’explication d’un de leurs enfants ou à une personne non initiée à la foi chrétienne, ils seraient sans doute bien embarrassés.
Sans tomber dans un ‘purisme’ déplacé, je pense qu’il faudrait que tous les adultes baptisés et confirmés puissent au moins balbutier à leurs interlocuteurs, curieux d’en savoir davantage sur la foi chrétienne, quelques éléments forts qui guident leur comportement quotidien à cause de leur vie en symbiose avec celle du Christ, Dieu et Homme. Parce que Jésus est dans sa personne l’union intime de Dieu et de l’homme, vivre en Lui apporte à l’humanité une dignité extrême, un comportement responsable, une liberté qui dépasse le fait de mourir un jour du temps, une fécondité créatrice, une force de sauvegarde et de salut… En lui, divinité et humanité font une seule personne. Le Ciel et la Terre s’unissent.
Pouvoir rendre compte de sa foi, pouvoir la confesser, en montrer la richesse, en expliciter le dynamisme de bonheur et la fraternité universelle qu’elle suppose, serait rendre grâce de l’Alliance de Dieu et de l’humanité en la personne de Jésus Christ.
En effet, l’Alliance n’est plus seulement
Jésus le Christ, Fils de Dieu, Dieu et homme, est « un » de notre histoire terrestre.
Il allie pour toujours dans sa personne : la création, l’humanité et Dieu lui-même.
Il est, de ce fait, l’alliance, pacte vivant et éternel.
Il est engendré tous les jours pour toujours : « Aujourd’hui, je t’ai engendré ».
12 février 2007
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Luc 3, 16