Il y avait, l’autre jour, un tract syndical affiché à l’hôpital de la Croix-Rousse qui demandait la réintégration d’agents de service non titulaires. Ils avaient été mis à pied par suite d’une décision directoriale.
Dans les couloirs, on m’a raconté le pourquoi de la chose !
Il paraît, en effet, que, pour au moins deux d’entre elles, ce sont des motifs « moraux » qui ont conduit à leur licenciement.
« Motifs moraux » ! J’ai questionné. Il s’agissait – tout au moins à ce que l’on m’a dit – de quelqu’un qui aurait barboté quelque menue monnaie à des malades et, pour l’autre, une toute jeune fille qui, dans le service même, aurait plus ou moins fricoté avec l’interne déjà marié !
Je ne suis pas allé contrôler, bien évidemment, ni dans un cas, ni dans l’autre ! Et tous les deux – à mon sens – n’ont pas la même importance. Il est certain que l’administration ne peut pas se mettre en parangon de bonnes mœurs.
Toutefois, l’hôpital, comme le service social, repose sur une éthique et une éthique publique, sur une règle du jeu commune à une société.
Guérir, dans tous les sens du terme, n’est pas simplement affaire corporelle. Il est bien certain qu’un climat sécurisant de moralité publique doit aider à la reprise des forces !
Il y a sans doute une connivence entre le soin et la morale, au sens non pas du moralisme pétrifié et juridique, mais au sens d’un certain nombre de valeurs reconnues par l’ensemble d’une nation, dans lesquelles on est à l’aise.
La vie privée n’intervient pas et je ne prétends pas que travailleurs sociaux et hospitaliers soient indemnes de toute compromission. Mais il est peut-être bon que, dans leur comportement public, ces mêmes travailleurs soient extérieurement conformes aux critères éthiques à peu près reconnus par l’ensemble d’une population.
Je sais que mon propos va faire rugir, mais j’aimerais que l’on y réfléchisse. Ce n’est pas si simple !
16 mai 1978
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