16. « Autrement » : premiers pas de la grande vieillesse

Après avoir été évêque de Moulins, Philippe Barbarin devient archevêque de Lyon.

Nous sommes surpris par son ‘étrangeté’. Son intuition le guide. Il a peu de dialogue. Il est vrai qu’il arrive dans un diocèse qui se bouleverse.

Le presbytérium est affaibli et ne l’aide pas. A part quelques jeunes prêtres remarquables. Manquent les Jean Vimort, les Henri Denis, les Charles Paliard, les Jean Duperray, les Christian Baboin-Jaubert, Henri Bourgeois, Christian Ponson, Daniel Vandenbergh, Pierre Duchamp, Sébastien Deyrieux et tant d’autres de leur trempe qui étaient des audacieux de l’Évangile.

Les séminaires changent de formes et les séminaristes sont des jeunes gens de multiples diocèses. Ils ne se forment pas tous pour êtres prêtres du diocèse de Lyon.

La Fac catho se réfugie au-delà de Perrache. Elle n’est plus au « centre » qui se réfugie dans sa conscience.

La vie religieuse peine à remplir ses noviciats.

L’Action Catholique perd de son dynamisme missionnaire.

La société elle-même se cherche et devient tout autre. Elle évolue très vite. Tout se passe comme si elle devenait une somme d’individus. La ville change de forme, le monde rural s’urbanise. Les familles se dispersent. Certains quartiers versent dans un refus d’une vie sociale de ‘bon voisinage’.

Philippe Barbarin se trouve au milieu de ce charivari social et ecclésial. Il se réfugie dans sa conscience profondément chrétienne et peine à retrouver des collaborateurs qui pourraient faire changer son regard ébahi. Il quittera Lyon après bien des vicissitudes.

Tout cela prépare une sorte de chaos d’où surgira peut-être une civilisation nouvelle qui lira l’Évangile autrement, avec un cœur renouvelé et un dynamisme adapté. Alors surgira une vie chrétienne qui marquera les prochaines années.

Je suis retiré dans mon appartement de la rue Laënnec où je vis heureux, dans l’accueil, la réflexion avec des groupes et la prédication de retraites. Grâce à tous ceux et celles que je rencontre, je m’ouvre avec curiosité à un monde en devenir.

En 2014, j’entre à « Ma Maison ». La supérieure d’alors me lie à sa communauté de religieuses. A son départ pour Strasbourg, je deviens plus anonyme. Ma chute, mon séjour de cinq mois à l’hôpital, mes quatre-vingt-treize ans, font de moi une personne solitaire dans l’EHPAD.

J’ai la joie d’accueillir chaque jour des hommes et des femmes qui m’apportent la brise du ‘grand large’, de pouvoir écrire et de regarder des émissions de Télé.

Je reparlerai de ces dernières années dans un prochain ‘Main-tenant’…

Christian Montfalcon

De Saint-Cyr à Gandolière

13 juillet 2021