La jalousie

« Lever la Jalousie, c’est laisser entrer le soleil »

J’ai une amie qui est directrice de recherche au CNRS. Une découverte récente la place parmi les biologistes de haut niveau dans le monde. Elle est femme, épouse, mère. Elle aime sa condition, son couple et ses enfants, mais elle est passionnée par son travail. Quand elle vient me voir, elle raconte la vie du labo qu’elle dirige. Même parmi les médecins hospitaliers, je ne crois pas avoir rencontré une passion de cette sorte : continue et dévorante.

A Paris, elle a un poste prestigieux où elle s’étonne d’être parvenue « car, dit-elle, j’ai dû traverser deux difficultés majeures : celle d’être femme et celle d’avoir attaché mon nom à une découverte qui inaugure d’autres découvertes ». Elle me dit souvent la jalousie qui l’entoure ; si je ne connaissais pas, par ailleurs, celle qui traîne dans les hôpitaux, voire dans les sacristies, je penserais qu’elle exagère.

Quelqu’un de jaloux est vraiment quelqu’un qui est totalement malheureux de la réussite de l’autre. Bien au-delà de l’envie qui traverse sans s’y arrêter toute vie, la Jalousie pousse à nuire pour empêcher de réussir, tant la tristesse éprouvée est insupportable. Tout faire pour paralyser autrui, voire le détruire.

Mon amie me disait qu’elle avait vu dans les grands couloirs de la recherche scientifique des manœuvres sordides, aboutissant au parasitage des manipulations des « adversaires » pour les gagner de vitesse ou les clouer sur place, afin de publier avant eux. J’ai peine à croire que des intellectuels, honnêtes dans leur vie privée, arrivent à de tels dérèglements par jalousie.

Tout se passe comme si la « fureur » obscurcissait conscience, raison et sentiment. En ce domaine, on quitte l’analyse sereine et l’objectivité pour entrer dans la passion destructrice. La « relation » à autrui tombe malade, la démesure fiévreuse s’origine dans le repli sur soi. Le « moi » prend toute la place. L’enflure est telle qu’il faut « ouvrir » pour que s’apaise le mal.

On ne guérit en effet de la Jalousie qu’en mettant à jour, c’est-à-dire à la lumière, cette tumeur maligne. Le « jaloux » qui raconte son dérèglement guérit totalement. Il s’apaise et va même jusqu’à se réjouir de la réussite des autres… mais, justement, il n’est plus jaloux…

Au long d’une vie, nous sommes tour à tour, soit en traitement, soit en fonction de thérapeute. Nul n’échappe à une plus ou moins grande atteinte du mal. Nul ne peut refuser le service d’écouter quelqu’un qui dit son mal. Oui, à un degré ou à un autre, la Jalousie, comme la relation humaine, nous concerne tous.

On appelle « jalousie » ces sortes de volets derrière lesquels on se cache pour épier. Lever la Jalousie, c’est laisser entrer le soleil.

Vive l’Héliothérapie !